Le harcèlement scolaire : ça n’arrive pas qu’aux autres !

Aujourd’hui nous vous partageons un témoignage, celui de Nathalie, maman de deux garçons et coach scolaire. “Le harcèlement scolaire ça n’arrive pas qu’aux autres !” c’est le message qu’elle souhaite faire passer, car c’est un mal récurrent au sein des établissements. Ce fut le cas pour l’un de ses enfants, malgré sa posture de coach et sa sensibilisation sur le sujet , elle n’a pas pu empêcher les méfaits qu’il a subi.

“Quand je suis devenue Coach scolaire, comme tous les parents, j’étais sensibilisée aux problématiques de harcèlement scolaire, sans réellement me sentir concernée à titre personnel

J’ai éduqué mes deux garçons, Hugo 12 ans et Lucas 6 ans, dans l’idée que tout peut s’arranger par la communication. Quand Hugo, au milieu de son année de  5ème, m’a parlé de ce «  copain » qui le traitait de fourmi, de nain, de « noob » comme disent les ados, je lui ai suggéré d’en informer les CPE, ce qu’il a refusé. Il souhaitait régler lui-même ce qu’il estimait être des chamailleries de leur âge. Souhaitant respecter sa décision, je lui conseillais de ne surtout pas riposter pour éviter tout escalade. Alors, Hugo, voulant démontrer sa capacité à passer au-delà de ça, a fini par minimiser ce qu’il vivait et ce qu’on lui faisait subir. 

Après les insultes sont venus les jeux malsains orchestrés par ce même garçon : coups dans son sac, bousculade dans la file d’attente de la cantine… Quand j’ai demandé à mon fils d’aller en parler à la CPE, lui expliquant que ce type de comportement n’était ni acceptable, ni accepté au sein d’un établissement scolaire, il m’a répondu : « Fais moi confiance maman, si ça va trop loin, j’irai voir la CPE, mais je ne veux pas que tu interviennes !». Et là, vous vous retrouvez face à un dilemme : laisser faire votre enfant pour qu’il garde pleinement confiance en vous et en lui, ou dénoncer les faits et risquer de briser cette confiance. 

Un samedi matin, Hugo se confie, suite à la réception de plusieurs messages de ce garçon sur Instagram : des menaces de morts, des insultes, des propos graves et effrayants qui me pétrifient. Et il se livre enfin : depuis six mois, il se cache pour ne pas le croiser et essaye de toujours être en présence d’un surveillant dans la cour du collège. Pour autant, deux jours plus tôt, il est étranglé par ce garçon, jusqu’à tomber à terre. C’est l’un de ses amis qui intervient pour enlever les mains de l’agresseur de son cou, un surveillant voit la scène, mais je ne suis pas informée. Et la veille de notre échange, c’est un coup de poing dans la mâchoire qu’il reçoit de ce même agresseur. Quand j’ai donné la définition du harcèlement à Hugo, il s’effondre en larmes, il accueille l’émotion qu’il avait enfoui tout au fond de lui, et comprend qu’on doit agir.

Le lundi, je décide de ne pas l’envoyer en cours, d’informer le rectorat, le collège, de consulter un médecin pour constater les douleurs physiques et psychologiques de Hugo et nous déposons plainte auprès de la gendarmerie. Depuis, l’auteur du harcèlement s’est calmé et Hugo a retrouvé le plaisir de se déplacer dans son collège en toute liberté. Il a retrouvé confiance en lui et joie de vivre. Il s’affirme, se reconstruit.
En tant que parent, sur le moment, je peux vous assurer que vous vous posez tout un tas de questions. Comment est-ce possible que je n’ai rien vu ? Comment mon enfant peut-il encaisser tout ça sans m’en parler, comment l’équipe de surveillants n’a rien vu ? Pourquoi est ce qu’il ne m’en a pas parlé ? Et j’ai compris… 

J’ai compris, quand, après avoir envoyé un mail avec en objet « Harcèlement et menaces de mort » à la direction du collège, je me suis retrouvée face à une CPE qui me proposa… une confrontation entre mon fils, victime et son agresseur, pour connaître la version de chacun, sans tenir compte de l’état de détresse psychologique de mon fils, ni reconnaître son statut de victime. J’ai compris les craintes de Hugo et son manque de confiance dans le gestion de ce problème par le collège quand j’ai entendu les questions qui lui ont été posées : « Est-ce que tu aurais fait quelque chose qui l’aurait énervé ? Tu es sûr que tu n’as pas fait quelque chose de ton côté ? ». Non, il n’y a rien qui justifie ces insultes et ces agressions (ce que confirmera le Principal du collège qui nous a reçus et rassurés). Il n’y a rien qui justifie un tel comportement, il n’y a pas de confrontation à mettre en place (comme le dira la psychologue de l’Education nationale un peu plus tard).

Nous avons appris tous les deux de cette expérience. Oui, on peut être proche de ses enfants et ne pas voir que quelque chose de grave se passe. Nos enfants sont informés, sensibilisés à ce qu’est le harcèlement, mais ne font pas forcément le lien avec ce qu’ils vivent. Les enfants, victimes et harceleurs, ont besoin d’espaces de parole et de partage. Le personnel des établissements scolaires peut être mieux formé et accompagné. Les parents doivent être sensibilisés et accompagnés pour pouvoir mieux détecter et réagir pour protéger leurs enfants, qu’ils soient victimes ou agresseurs.”

Nathalie Malet
Coach scolaire & art thérapeute certifiée

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